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Questions - Réponses ENTRETIEN entre Dahi - Michineau

Stéphanie Michineau  ( Ecrivaine française, docteur en littérature française et spécialisée des œuvres de Colette) vient de publier son dernier ouvrage « Colette, Par-delà le bien et le ma ?, Mon Petit Editeur,2011 ». Professeur Mhamed Dahi ( Critique Marocain et professeur de la littérature arabe à l'université MohamedV  Rabat) a publié récemment un compte sur ce livre au supplément culturel « Alitihad Alichtiraki) ( Esthétique de désir dans les œuvres de Colette, 3 Février 2012) et a réalisé l'entretien suivant avec Stéphanie Michineau (piblié le vendredi2 mars 2012 à la Page Culturelle du quotidien marocain L'OPINION p6).


M. Dahi/ Première question : « La trahison est un thème majeur dans les romans de Colette. Est-elle une réaction à l'infidélité de son époux Willy ? »
S. Michineau / Je suis d'accord avec vous lorsque vous dites que « la trahison est un thème majeur dans les romans de Colette » et principalement, ajouterais-je, dans les trois livres que j'ai étudiés dont c'est en effet un leitmotiv (bravo pour votre perspicacité) et que vous en déduisez avec non moins de justesse qu'elle est une réaction à l'infidélité de son époux Willy... En effet, bien que Colette elle-même dans Mes Apprentissages (1936), livre dans lequel elle retrace sa vie conjugale avec Willy, minimise l'impact qu'ont eues sur elle les nombreuses infidélités de son mari (en réalité, elle eut beaucoup moins d'humour) et l'on sait par recoupement et témoignage biographiques[0] que la jalousie déclenchait chez elle de véritables crises. C'est d'ailleurs à celle-ci que l'on peut imputer la maladie de Colette qui perdura un certain temps lors de son mariage avec Willy.
D'un point de vue cinématographique, l'on peut distinguer la première partie du téléfilm sur Colette de Nadine Trintignant, téléfilm en deux parties intitulé Colette, Une femme libre[1] qui (bien que le téléfilm ait été critiqué pour des libertés avec la biographie de Colette[2]) a mis en avant cet aspect. On perçoit très bien à travers l'actrice qui interprète le rôle de Colette (pour la petite histoire ou plutôt horrible, l'actrice Marie Trintignant, fille de la réalisatrice, est morte elle-même presque à la fin du tournage rouée de coups par son amant de l'époque, le chanteur du groupe Noir Desir, Bertrand Cantat[3]), le bouleversement et le cataclysme que provoquait Willy en elle par ses mensonges répétés. Colette parle à son propos de « génie balzacien du mensonge ».   
M. Dahi/ Deuxième question : « Vous avez donné une grande importance à l'analyse thématique mais peu d'importance aux traits de l'écriture romanesque. Pourquoi ? »
S. Michineau / C'est en effet un parti pris de ma part car Colette : par-delà le bien et le mal ? » (éd. MPE, 2011) s'insère, comme vous savez, dans un Triptyque[4] que j'ai élaboré sur Colette composé avec celui-ci qui « boucle la boucle » de L'Autofiction dans l'œuvre de Colette (éd. Publibook, 2008) et Construction de l'image maternelle chez Colette de 1922 à 1936 (éd. Edilivre, 2009)[5]. Je l'ai d'ailleurs signalé dans la préface.
J'avais fini ce premier pan L'Autofiction dans l'œuvre de Colette par un paragraphe sur la morale beaucoup plus axé justement sur l'aspect romanesque : en fait, dans un premier pan de son oeuvre, elle a eu tendance à mettre en avant l'aspect scandaleux de sa vie suivant l'adage bien connu et que connaissait Willy (qui a d'ailleurs signé ses premiers livres à sa place) : « Le scandale fait vendre ». Par contre, dans une seconde partie de vie, que l'on peut situer bien évidemment à sa séparation d'avec Willy, elle aurait tendance à faire de Willy un bouc émissaire et à mettre à distance ce passé sulfureux pour se composer une image de respectabilité sociale.
Pour ce faire, on le voit (ou plutôt entend) très bien dans ses entretiens accordés avec André Parinaud en 1950 où elle s'offusque de sa curiosité. Un nombre incalculable de photos la montre également stylo à la main, à l'écritoire, l'air grave, afin que la postérité la reconnaisse comme un écrivain à part entière.                                                 
M. Dahi/ Troisième question : « Des rumeurs circulaient sur la perversion odieuse de Colette et son engouement pour l'homosexualité. Sont-elles vraies ou fausses (des confusions entre le factuel et le fictionnel) ?
S. Michineau / Disons que dans mon dernier essai Colette : par-delà le bien et le mal ?, j'ai voulu montrer en effet ce que l'homosexualité féminine recouvrait pour Colette. Loin d'être une perversion ou « un jeu sans importance » (comme les mœurs de l'époque assimilaient l'homosexualité féminine), elle y voit au contraire un réconfort, l'épanchement d'un sentiment profond, presque maternel. Je fais d'ailleurs de ce thème une analyse poussée, comme vous savez M. Dahi, dans le deuxième chapitre du livre[6].
Toutefois, il serait bon de rappeler que Colette a été mariée trois fois. On pourra donc parler à son égard de bisexualité et non d'homosexualité au sens propre du terme. Mais pour être parfaitement juste, l'on ne saurait ignorer le narcissisme de Colette et un certain goût du scandale lorsqu'elle s'affiche avec son amante de l'époque, la marquise de Morny (Missy pour les intimes) sur scène[7].
Dans Colette : par-delà le bien et le mal ? , j'ai toutefois replacé l'homosexualité dans son contexte. L'homosexualité féminine était tolérée mais celle masculine pas du tout.
M. Dahi/ Quatrième question « portant sur la pertinence de reprendre le titre de Nietzsche: Au-delà le bien et le mal ? Pourquoi avoir choisi ce titre ? »
S. Michineau / J'ai choisi le titre Colette : par-delà le bien et le mal ? comme un clin d'œil à Nietzsche et à son livre Par-delà le bien et le mal (titre précis) car j'ai voulu nourrir mon essai de littérature française d'une question philosophique (On notera le point d'interrogation qui n'est pas chez Nietzsche). Colette est-elle immorale, amorale ou morale ?
Si vous le permettez, M . Dahi, je ne souhaite pas trop développer ce point dans l'entretien qui nous réunit ce jour car Colette : par-delà le bien et le mal ? est justement à l'heure actuelle en train de faire l'objet d'un compte rendu sous cet angle... l'angle philosophique, par M. Jean Zaganiaris (enseignant-chercheur à Rabat, au Maroc). Je songe moi-même à aborder ce point dans un article, qui trouverait accueil (sous réserve d'acceptation) dans la revue trimestrielle francophone internationale de littérature et philosophie « Alkémie » dirigé par Mme Mihaela-Gentiana Stanisor dont le credo est la transdisciplinarité entre littérature française et philosophie.
M. Dahi/ Cinquième question : « De quelle façon êtes-vous impliquée dans l'univers de Colette ? »
S. Michineau / Quand vous utilisez le terme d'implication, vous utilisez un terme fort mais c'est en effet, celui qui convient ici. Vous le faites donc à bon escient et je vous remercie de votre sagacité.
Je vais reprendre un à un les essais qui composent mon Triptyque sur Colette :
Pour L'Autofiction dans l'œuvre de Colette qui correspond, comme vous savez, à ma thèse remaniée pour publication en 2008 chez Publibook, le sujet a été choisi (c'est d'ailleurs, le seul) par ma directrice de thèse. C'est donc avant tout à elle que le concept d'autofiction « parlait ». Je ne savais pourquoi à l'époque (en 2007) et n'ai pas cherché à le savoir. Par contre, cela s'est révélé à moi lorsque Michèle Raclot (c'est le nom de mon ancienne directrice de thèse) a publié en 2010 aux éditions L'Harmattan un livre intitulé : 28 mai 1940 Le jour où le Brazza s'est englouti qui relate la disparition de son père dans le naufrage du Brazza alors qu'elle n'avait que huit mois, sa mère ne s'étant jamais remariée depuis. Ce livre, très poignant, se situe entre fiction (favorisant une quête du père, « une recherche du père » ainsi qu'elle emploie l'expression elle-même) et réalité puisque le naufrage est un fait historique.
J'en viens, si vous voulez bien, à mon implication personnelle. Michèle Raclot me connaissant bien puisqu'elle m'a suivie tout au long de mes recherches en littérature française de 1995 à 2007 qui s'étendront sur plus de douze ans donc, il s'est tissé au fil des ans une connivence entre nous et de professeure, j'emploierais même le terme de Pygmalion qu'elle a été pour moi à maints égards puisqu'elle m'a aidée d'une certaine façon à accoucher d'une part de moi-même qui s'est révélée par l'écriture, un lien d'amitié s'est tissé entre nous au fil des ans. D'ailleurs, à l'heure actuelle, nos liens avec Michèle sont de l'ordre de l'amitié...
En ce qui concerne Construction de l'image maternelle chez Colette de 1922 à 1936, j'ai révélé la genèse d'où provient la production de l'essai : du drame de la mort de ma mère en 1997. Le livre répond en partie à des questions que je me posais à l'époque. D'ailleurs, depuis, j'ai fait le triste constat suivant dont je me garderais bien par contre de tirer des conclusions hâtives : Colette n'a pas écrit sur sa mère de son vivant, elle l'a fait dix ans après puisque La Maison de Claudine où apparaît pour la première fois la figure de sa mère est sortie à publication en 1922. De mon côté (hasard, coïncidence, inconscient du texte... Colette ne parlait-elle pas elle-même d'une certaine magie de l'écriture ?), Construction de l'image maternelle chez Colette de 1922 à 1936 est sorti en 2009 soit dix ans après (justement !) son élaboration qui datait de 1999 (soit deux ans après la disparition de ma pauvre mère). La première année, je n'ai rien pu écrire, le choc était trop rude. J'ai commencé à écrire de 1998 à 2000 précisément (date de mon inscription en master II).
La trame de mon dernier essai, quant à lui, Colette : par-delà le bien et le mal ? date de 1997 puisque la genèse de l'essai provient de mon mémoire de master I que j'ai retravaillé en profondeur pour la publication récente. J'avais donc 25 ans à l'époque et vivait mon premier amour (du moins, celui qui compte !) avec celui qui m'accompagna de sa présence inoubliable pendant 15 ans, mon compagnon, mort, hélas, depuis... d'un cancer, il y a 2 ans et demi, le 16 août 2009, en soins palliatifs, à l'hôpital de La Roche sur Yon.
Celles et ceux qui liront l'intégralité du Triptyque verront qu'il est ponctué de photographies plus personnelles. Les spécialistes comme vous-même, M. Dahi, qui tout comme moi, vous êtes penchés sérieusement sur la question de l'autofiction y verront une sorte de « photo(s)-autofiction(s) » et ils n'auront pas torts. Ainsi, j'ai franchi le pas avec Colette : par-delà le bien et le mal ? puisque des citations de Colette se trouvent sous les photographies. J'ai par ailleurs, bien mentionné et ce afin qu'il n'y ait pas de confusions possibles ! qu'il s'agissait d'extraits de texte de l'œuvre de Colette. Celle insérée sous la photographie de mes parents est un hommage à ma mère puisqu'elle est morte brusquement alors que je terminais juste mon mémoire. Là aussi, il s'agit d'un constat de ma part...
Sous la photo de mon regretté compagnon, Giuseppe Spoto, sont gravés ses mots à l'encre indélébile de Colette (La Naissance du Jour) : « Le pire dans la vie d'une femme : le premier homme. On ne meurt que de celui-là. » En effet, maintenant que j'ai atteint l'âge de 40 ans (je les ai fêtés le mois dernier), j'ai le sentiment diffus qu'avec ce Triptyque se ferme une période de ma vie, celle attachée à ma jeunesse en quelque sorte mais qu'il ouvre sur une autre voie qui s'est révélée à moi comme une évidence (une nécessité !) ; la voix de l'écriture que je ne suis pas prête à faire taire, loin s'en faut ! C'est ce que j'ai voulu signifier avec la toute dernière photo[8] au terme de Colette : par-delà le bien et le mal ? me figurant au Salon du livre de Paris en 2010 avec Madame Raclot, à mes côtés, comme un symbole d'espoir. L'idée étant que malgré les vicissitudes, les épreuves douloureuses et les tristesses apportées par la mort de proches qui vous touchent au premier plan dans votre identité et votre chair, il faut continuer à vivre et que malgré tout, l'âge (puisque 40 ans correspond statistiquement au milieu de la vie) apporte son lot d'expériences pour cheminer vers l'autre versant de la vie. Il est bien évident que ce genre de message, de témoignage de solidarité ne sera pas reçu de la même façon suivant l'âge ou plus exactement le vécu des lectrices et lecteurs. C'est pour ce genre de raisons que j'ai pris sur moi de prendre le risque que comporte toute forme d'exposition, d'implication (pour reprendre votre très bon mot, M. Dahi) : la pire étant certainement (mais il faut s'y attendre aussi !) : l'incompréhension.
Mettre des maux sur des mots (ou pAnser les plaies, pour reprendre le titre du vibrant compte rendu[9] d'Arnaud Genon sur mon recueil de récits courts et proses poétiques publié sous pseudonyme : Pensées en désuétude[10]) a été (et continue de l'être ; même si pas seulement) le moyen de le pallier. Mais l'on pourrait étendre à toutes formes de libération de la parole... en ce sens, il me semble que l'art-thérapie a de beaux jours devant elle...
Mais je m'aperçois que j'ai été bien longue (je vous prie de me pardonner), répondant à cette question mais c'est sans doute parce qu'elle me touche au plus haut point et qu'elle me donne l'occasion d'une mise au point et d'un retour sur mon Triptyque sur Colette qu'il m'aurait été difficile de faire sans la pertinence de votre question dont je vous remercie et dont je vous suis infiniment reconnaissante, M. Dahi. Je serais donc plus concise pour les réponses suivantes, je vous en fais la promesse.                           
M. Dahi/ Sixième question : « Comment expliquez-vous le retour de la littérature française aux œuvres de Colette ? »
S. Michineau / Pour répondre à votre sixième question, il faut se replacer  dans le contexte de l'époque : la première moitié du 20ème siècle.
Colette, au départ, était perçue comme une écrivaine sulfureuse. Ses premiers livres étaient d'ailleurs signés Willy dont elle subissait (jusqu'à un certain point) le joug. Avec la sortie de La Maison de Claudine en 1922, ce retour à l'enfance (qu'elle décrit) lui confère une nouvelle respectabilité sociale mais je pense qu'elle est loin de se borner à cela. Plus que d'autobiographie, on devrait parler en ce qui la concerne d'autofiction. Et selon moi, elle croyait pertinemment en la postérité qui la hisserait au rang qu'elle mérite. C'est en tout cas, l'idée que j'ai défendue dans L'Autofiction dans l'œuvre de Colette. Je ne sais si elle aurait employé le terme d'autofiction (car elle n'aimait pas les grandes théories) mais l'autofiction est un terme simple et je pense qu'elle s'y retrouverait.   
M. Dahi/ Sixième question : « Est-ce que les œuvres de Colette sont encore d'actualité ? »
S. Michineau / Vous me permettrez, cher M. Dahi, de faire une transition habile puisque cela s'y prête : de la littérature française au retour de... l'émergence de Colette sur un plan international. Cela a été le sens de ma démarche lorsque j'ai accepté, suite à la demande formulée de M. Mustapha Trabelsi, d'intégrer l'URLDC (Unité de Recherche en Littérature, Discours et Civilisation) qu'il dirige à Sfax, en Tunisie. Je pense que Colette peut beaucoup apporter sur le plan de l'image de la Femme comme figure exemplaire de la Femme libre et courageuse, s'assumant pleinement à une époque où ce n'était pas chose aisée de le faire puisqu'à cette période (début 20ème siècle) en France, la condition de la Femme était pour le moins mise à mal [11]! Alors qu'une internaute, au terme de mon article intitulé « Colette : de l'Aiguille à la plume... de la Plume à l'aiguille »[12] me posait la même question que vous, M. Dahi ; sous-tendant par contre (ce qui n'est pas votre cas, bien heureusement...) que le féminisme de Colette (plus par sa vie que par des théories générales) datait, je l'ai remise dans des réalités factuelles en lui rappelant des chiffres actualisés qui parlent d'eux-mêmes : en 2008, ce sont 157 femmes qui sont mortes sous les coups de leur conjoint, soit une femme qui décède tous les deux jours et demi en France. Face à ce fléau inacceptable qui touche toutes les catégories sociales, à tous les âges et sur l'ensemble du territoire, le Gouvernement a d'ailleurs décidé de renforcer la lutte contre les violences et la violence est devenue, depuis 2010, en France, grande cause nationale.
C'est d'ailleurs, en ce sens que j'ai accepté l'honneur et le privilège qui m'étaient faits lorsqu'il me fût proposé en août 2010 de rejoindre le comité scientifique du colloque international littéraire et féministe d'Orléans : « Femmes des Lumières et de l'Ombre », organisé, chaque année, par François Le Guennec en partenariat avec l'association féministe Mix-Cité.
Cela a d'ailleurs été l'occasion pour moi d'élargir depuis, mon domaine de recherche, par delà Colette, à la thématique plus générale portant sur « Les Femmes en littérature ».
Bien entendu, cette question n'en a pris que plus d'ampleur depuis le Printemps Arabe... Pour l'anecdote, un internaute Tunisien (linguiste) sur Facebook s'étonnait d'ailleurs que la date de mon anniversaire (le jour, pas l'année !!) corresponde précisément à celle de la révolution du 14 janvier (2011) en Tunisie. Alors que je m'intéresse tout comme vous, M. Dahi, à la sémiologie, cette remarque, je l'avoue, m'a quelque peu interloquée (et bien sûr, en y repensant : réjouit !) : encore une fois, simple coïncidence, ou signe ? Je n'ai pas de réponse...     
M. Dahi/ Dernière question : « Quels sont les traits autofictionnels dans l'univers fictif de Colette ? »
S. Michineau / Selon moi, toute l'œuvre de Colette (c'est ce que je démontre dans ma thèse !) s'inscrit dans un espace autofictionnel peu ou prou suivant les livres bien entendu.
Autour de ma thèse, L'Autofiction dans l'œuvre de Colette, j'ai contribué à rédiger deux articles pour les Cahiers Colette :  l'un correspondant à une sorte de condensé de ma thèse, portant d'ailleurs le même nom : « L'Autofiction dans l'œuvre de Colette »[13] ; l'autre ayant pour titre : « Colette, une œuvre transgénérique ou la modernité de l'écriture ? » [14] tirée d'une communication que j'avais donnée lors du colloque international prestigieux sur Colette intitulé : Colette : Complexité et modernités, organisé par l'ITEM et la Société des Amis de Colette à l'Abbaye d'Ardenne, près de Caen, les 13 et 14 mars 2009.
Afin de répondre de manière satisfaisante et précise à votre intéressante question, M. Dahi, je reprendrai ici, si vous le voulez bien, l'extrait suivant d'un autre de mes articles rédigés pour La Faute à Rousseau[15], revue sur l'Autobiographie à laquelle j'ai contribué.
Voici donc l'extrait en question tiré du n° 53 (février 2010) intitulé : « Colette : autobiographie ou autofiction ? »
« Colette procède, en définitive, toujours de la même manière, que ce soit avec ses héroïnes de premier plan ou avec la figuration d'elle-même dans son œuvre : elle se reconnaît à travers elles (même si elles ne sont pas l'auteure en tous points) et, une fois l'identification établie, elle les utilise à des fins expérimentales. C'est le cas de Claudine, mais pas seulement. Annie, dans Claudine s'en va (1903), divorce trois ans avant la séparation de Colette elle-même avec Willy. La fin de L'Entrave montre, par contre, une Renée Néré à jamais « amarrée » à Jean, préfigurant les liens de l'auteure avec son deuxième mari, Henry de Jouvenel, consolidés par la naissance de Bel Gazou en 1913. On pourrait dire de même pour Léa : Colette n'est pas Léa à l'origine, mais (désir conscient ou inconscient ?) elle endossera auprès de son beau-fils, Bertrand de Jouvenel, le rôle de mère de substitution, initiatrice de la connaissance du monde et de plaisirs... plus charnels ( ?!). Ansi, le personnage de Colette dans La Naissance du Jour ne figure pas l'auteure à proprement parler, mais une sorte de modèle qui lui sert de tremplin vers une relation plus apaisée à l'homme et qui, finalement, préfigure « le code de la vie à deux » avec celui qu'elle nommera « son meilleur ami » : Maurice Goudeket, son troisième mari ![16] »
... Sinon, La Faute à Rousseau est une revue que notre ami commun (que vos lectrices et lecteurs connaissent d'ailleurs peut-être, M. Dahi, puisqu'il habite au Maroc et a publié dans des revues marocaines) : Arnaud Genon, spécialiste de l'écriture de soi et d'Hervé Guibert, connaît bien pour y avoir contribué, lui aussi (notamment dans le numéro précédemment cité).
A savoir que l'on peut trouver mon article « Colette : autobiographie ou autofiction ? » ainsi que quelques autres sur le site de référence qu'il co-dirige avec Isabelle Grell : « Autofiction.org ». J'y ai d'ailleurs parcouru votre très bon article, M'hamed Dahi, traitant de l'autofiction dans le Monde Arabe qui fera office de prémice dans mon esprit à votre intervention (dont je me réjouis déjà à l'idée d'assister) en juillet prochain lors du colloque de Cerisy.
Que vous dire d'autres pour refermer cet entretien ? ...si ce n'est vous remercier de la pertinence et de la finesse de vos questions qui m'ont permis de mettre en valeur mes recherches. Si vos lectrices et lecteurs souhaitent plus d'informations sur mes travaux passés ou/et en cours, ils peuvent se reporter à mon blog littéro-universitaire :
http://stephanie-michineau.publibook.com
ou s'ils sont comme moi et comme vous, M. Dahi, adeptes de Facebook, je les invite volontiers à rejoindre ma page publique nouvellement créée à cet effet depuis le 3 janvier 2012, page ouverte à titre d'« Auteur » sous l'appellation précise de : « Stéphanie Michineau : Ecrivain-Chercheur ».
...Il ne me reste plus qu'à remercier par votre intermédiaire vos lectrices et lecteurs de leur attention.
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[0]  Cf. La biographie intitulée Colette par Claude Pichois et Alain Brunet, éditions du Fallois, 1999.
[1]  Colette, une femme libre, 3heures, 2 DVD, 2004.
[2] Je ne comprends pas comment on peut faire un tel reproche au téléfilm dans la mesure où il est bien signifié sur la pochette du DVD : « librement inspiré de la vie de Colette ».
[3] Je développe cet épisode et analyse des séquences du téléfilm dans ma thèse soutenue en 2007 (mention très honorable) et publiée en 2008 chez Publibook : L'Autofiction dans l'œuvre de Colette. La maison d'édition « Publibook.com » (filiale du Petit Futé) a eu l'heureuse initiative de créer une page dédiée à cette thèse ; page que vous pouvez consulter à partir du lien suivant : http://www.facebook.com/groups/369005493125738/380053515354269/#!/pages/-St%C3%A9phanie-Michineau-Ecrivain-Chercheur-/212361018850060 . Sur cette page, vous trouverez un « aperçu GOOGLE » vous permettant d'accéder à des feuillets choisis de la thèse mais aussi à mon blog littéro-universitaire en accès libre :  http://stephanie-michineau.publibook.com />[4] J'ai préféré le terme de Triptyque à celui de trilogie en référence à la peinture puisque mes essais le composant ont eu le privilège d'être illustrés par l'artiste peintre de La Rochelle : Flo Soltar.
[5] Tous mes livres sont diffusés sur un plan international. Vous pouvez donc vous procurer les exemplaires papier sans difficulté. Il existe aussi la possibilité d'une version numérique puisque les maisons d'éditions avec lesquelles je travaille Le Petit Futé (Publibook, MPE) et Edilivre sont spécialisées dans ce domaine et que mes livres, à ce titre, bénéficient d'un téléchargement payant à moindre coût. « Edilivre.com » propose par exemple pour 1 euro de plus un e-book en plus du livre papier. Cette offre exceptionnelle concerne : Construction de l'image maternelle chez Colette de 1922 à 1936 et Pensées en désuétude, publié sous mon nom d'emprunt, Fanny Cosi (cf. mon blog).
[6] Chapitre intitulé : « Entre le licite et l'illicite ».
[7] Je fais ici référence, bien entendu, à la première et tumultueuse représentation de Rêves d'Egypte, au Moulin Rouge (cf. mon Triptyque).
[8]  Située page 179 de Colette : par-delà le bien et le mal ?
[9] Consultable en ligne dans la revue française Facebook : La Cause littéraire.
[10] Pensées en désuétude,  Edilivre, 2010 : recueil de création littéraire pure publié sous le pseudonyme de Fanny Cosi. Recommandé d'ailleurs dans la liste des ouvrages conseillés comme « lectures d'été 2011 »  par La Cause littéraire.
[11]  C'est ce que je montre dans Colette : par-delà le bien et le mal ?
[12] Article précédemment publié dans La République des Lettres, qui a trouvé récemment nouvelle publication dans la revue littéraire française Facebook (pour laquelle je travaille entres autres revues sur Facebook, d'ailleurs) : Reflets du Temps ; RDT qui a comme spécificité de laisser place à l'interactivité avec lectrices et lecteurs.
[13] Cahiers Colette n° 30, Echanges, la Société des Amis de Colette, éd.  Presses universitaires de Rennes, 2008.
[14] Cahiers Colette n° 31, Colette : Complexités et modernités,  op. cit., 2009, p. 35-45.
[15]La Faute à Rousseau est une revue de l'Association Pour l'Autobiographie et le Patrimoine Autobiographique, dirigée par le spécialiste de référence sur l'Autobiographie, Philippe Lejeune.  Pour ma part, je fais partie de l'APA (Association Pour l'Autobiographie, groupe de Nantes). Je viens d'ailleurs de rédiger à ce titre, en qualité de spécialiste de l'écriture de soi  et de Colette, un dossier Colette (« Colette et Nantes comme lieu de passage ») d'une dizaine de pages en partenariat avec l'APA et la médiathèque de Nantes, dossier qui est en cours de publication et doit paraître cette année (2012) dans les Cahiers de l'APA, autre revue de Philippe Lejeune.
[16]  « Colette : autobiographie ou autofiction ? » in Photographies, La Faute à Rousseau, APA, février 2010, n° 53, p. 54-55
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الكاتب: محمد الداهي بتاريخ: الجمعة 02-03-2012 01:18 أ£أ“أ‡أپ  الزوار: 11853    التعليقات: 0

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